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Article publié le 22 octobre 2023. oOo Je fais le tour de mes tourments, Des œufs, on m’en pond, on m’en casse, On m’en écale à tous moments, On m’en bat, on m’en poche, on m’en Brouille, on m’en frit, on m’en fricasse…
Et ces nettoyeurs de noyaux Et de poches de résistance, Et de maquis, et de boyaux… Et tous ces crieurs de taïauts, Et toutes ces vieilles potences.
Comme un porteur de rogatons, Je prends mon temps dans des toquantes Qui ne valent pas un teston Fendu en quatre, un ducaton. Je le fais toutes fois et quantes.
Des meutes plantées au cordeau, Les gens n’ont plus de la figure, Ce ne sont plus que des badauds, Des bréviaires et des credo, Plus d’envolées, plus d’envergure.
Je ne peux pas être partout, Aux fils de mes marionnettes, Au coutelas et au satou, Là et au haut du mont Ventoux, Au four et à la moulinette…
Ce n’est pas mon jour de bonté, Je vais vous dire ma salade, Dire les quatre vérités De ceux qui sont de mon côté, Dire l’envoi de ma ballade.
L’inspecteur des travaux finis Qui aime la besogne faite, Gratte son crâne dégarni. Non, son renom n’est pas terni ! Les rues et les ponts sont en fête.
Jadis, j’avais mes cortégeants Aulétrides, ménétrières, Clowns, cliques, claques, bêtes, gens Qui en voulaient pour leur argent. On ne vient plus à mon derrière,
On ne vient plus à mon devant, J’ai beau tourner la manivelle, Croire encor aller de l’avant, Ma musique n’est que du vent Qui me fatigue la cervelle.
Ni Marseillaise, ni drapeau, Ni fanfare municipale ! J’avais un luth et un pipeau, Je sors rarement de ma peau Je vis comme un Sardanapale.
Je ne sais pas ce qui m’attend, Ce qui doit arriver arrive, Pourquoi vouloir gagner du temps ? Me noierai-je dans un étang, Un étang noir sans fond ni rive ?
À la fin j’use mes ribouis, Qui n’a pas de tête a des pattes, Je n’engraisse pas les bouis-bouis, J’ai ma pogne gauche au cambouis, Et ma pogne droite à la pâte.
Sur les quais et les ponts verbeux, Je passe toutes mes colères, J’aurai dans les labours bourbeux, Mis la charrue avant les bœufs. J’aurai tout fait pour vous déplaire.
Que de mots doux, de mots amers, Je reçois des cartes postales De partout - Cassis, Saint-Omer, Saintes, La Trinité-sur-Mer Et de toutes les capitales.
Vieux hale-boulines rêveur, À la proue, mon cœur bave et saigne, Quel vin rappelle les buveurs À la barre du dériveur ? À bon cécube point d’enseigne !
J’ai, malgré mon triste air musard, Des outils, un peu de pratique, De quoi abolir le hasard, Des fonds de combles, de bazar… Des fonds de cales, de boutiques…
Je suis sûr et certain d’avoir, Corbières, un petit mort pour rire, La gaie science, le gai savoir Et d’autres manières de voir Pour pouvoir débattre et écrire.
Je peine à trimer le lundi, Quand je bastringue le dimanche, Et que je suis tout engourdi Comme un sac de salmigondis, On dirait que je branle au manche.
Je déambule crânement -Bateaux, duffle-coat anthracite, Blue-jean-, comme dans un roman De gare. Vraisemblablement, Le samedi, je resuscite.
Robert VITTON 2023 |
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