Michèle Garant, Traversières, éditions Traversées.


Michèle Garant, Traversières.


Traversées (c/o Patrice BRENO)

Faubourg d’Arival, 43

B-6760 VIRTON (Belgique)

Tél.: 0032(0)63/57.68.64

GSM : 0032(0)497/44.25.60

Courriel: traversees@hotmail.com

Nathalie Roumanès, Tremor Cordis


Traversées (c/o Patrice BRENO)

Faubourg d’Arival, 43

B-6760 VIRTON (Belgique)

Tél.: 0032(0)63/57.68.64

GSM : 0032(0)497/44.25.60

Courriel: traversees@hotmail.com

Michel Ducobu,Seul & Seule, M.E.O. 2024, 144 p., 17 €


Poète, prosateur, dramaturge belge  contemporain dont l’œuvre a remporté beaucoup de prix, Michel Ducobu tente l’expérience du roman avec Seul & Seule, (M.E.O, 2024), après avoir publié des récits. Il y peint d’une manière inédite la vieillesse, la vie d’un solitaire qui regarde derrière lui et juge sa vie dans la lumière d’une lucidité impitoyable. Il fait le portrait d’un homme de soixante-quinze ans,  « un solitaire taciturne », « un ours », « un vieil égoïste », qui  réfléchit à sa vie banale, médiocre, sans éclat, par manque de courage. Il a choisi la solitude, l’indifférence face au monde, ses habitudes quotidiennes, ses livres et ses promenades, sans réussir à tromper la monotonie de la vie, l’ennui, l’usure. À cet âge de bilan, il voit clairement son passé, le juge avec cruauté et ironie, se prend en dérision, dévoile ses faiblesses. Il se demande « comment passer cette période prémortelle sans trop subir les grincements de l’âge et l’érosion des heures ». 

Il y réfléchit pour trouver « quelque chose d’inexploré », un exploit à accomplir pour vaincre, ne fût-ce qu’un instant, la vieillesse, son impuissance, la pensée de disparaître, un acte de courage pour dépasser ses limites, pour sortir de l’usure accablante et retrouver la saveur de la vie, triompher sur soi et pour soi, vivre une petite gloire à lui seul, sans témoins, question d’orgueil qui ne sert à rien à son âge. Après une amère méditation sur sa vie, il s’impose trois exploits à tenter, capables de l’élever à ses yeux : une émotion érotique par une femme, la traversée d’un fleuve pour vaincre sa peur de l’eau, un meurtre symbolique pour punir le mal qui existe dans le monde.

Voilà  la substance du premier chapitre, Moi. La voix narrative est celle du personnage qui se dénude devant son lecteur. Il ne se borne pas à la réflexion, mais se met à l’œuvre pour se prouver qu’il est capable de risques et de courage. Pour trouver une femme,  il fait appel à l’internet, aux rencontres de hasard, même s’il n’y croit pas, qui le laissent indifférent. Cette  première expérience est un échec. Il rencontre ensuite une femme de cinquante-huit  ans dans un bar, aussi solitaire, indifférente, le cœur vidé de sentiments. Une faible relation sans obligations les rapproche peu à peu, née de la confession de leurs vies,  de la confiance, un élan amoureux pour leur donner l’illusion de pouvoir vaincre le vide, leur indifférence, l’impuissance de l’âge.

Le deuxième chapitre, Elle, retrace la vie de la femme, l’enfer vécu dans son enfance, victime de son père qui fait de son enfant un jouet sexuel, lui détruit toute chance de vie normale, la vide de son essence. La voix narrative est féminine. Marie est une  solitaire, dépourvue de toute affection, indifférente, dégoûtée, vidée, incapable de sentir de l’affection pour un homme, blessée à jamais dans son âme et dans son corps. Elle se confesse à Fréderic, qui sait l’écouter et comprendre le mal qui ronge son coeur, lui offrant sa compagnie, l’accueillant parfois dans son intimité, sans chercher un lien durable. Elle est plus forte que lui, comprend et accepte le solitaire qu’il est, ses idées, cherche autant que lui l’instant d’ivresse capable de racheter sa vie gâchée. Elle le décrit dans le chapitre Lui, tel qu’elle le voit : vieux, solitaire, faible, cultivé, ironique, son humour lui fait du bien et rend possible leur rapprochement.

De deux solitudes qui se rencontrent sur la voie du destin naît l’espoir d’un Nous (quatrième chapitre), un couple à ses débuts qui partage le mal de la vie, les faiblesses, les expériences quotidiennes, un appui l’un pour l’autre, une amitié.  Marie est acceptée par Fréderic comme seul témoin de son acte de courage qu’il s’impose : la traversée du fleuve, conscient qu’il risque sa vie. Mais pour sortir vivant de cette aventure, Marie l’accompagne en canot à moteur durant sa traversée. C’est l’épisode le plus palpitant du roman où tous les deux risquent de se noyer, mais par un effort surhumain ils se sauvent et goûtent le lendemain l’ivresse de l’amour. Mais Fréderic s’interroge après si la sensation était réelle ou seulement une illusion sous l’effet de l’alcool.  Cependant le danger affronté ensemble est authentique, le risque de périr dans les eaux du fleuve, leur effort de survivre. Même si Fréderic avait manqué sa preuve de courage, il a gagné pourtant quelque chose de précieux : il n’était plus seul dans son épreuve, il avait Marie désormais à le soutenir. Elle aussi avait trouvé en lui un appui dans sa vie gâchée, avait pris de l’affection pour lui, son existence  commençait à avoir un sens. 

Un cinquième chapitre, Il, met au premier plan  l’image du père de Marie, malade, interné dans une Maison de santé, visité par sa fille, qui ne peut pas  oublier, pardonner, stigmatisée, victime à jamais de son agression. Fréderic lui rend visite pour accomplir ce qu’il nomme un meurtre symbolique, tuer le mal que l’homme représente, un acte toujours manqué, réduit à lui livrer le poison de la parole accusatrice pour faire surgir sa conscience de bourreau, le punir au moins ainsi, avant que sa maladie incurable ne fasse le reste. 

Le chapitre Eux envisage l’escapade à Rome proposée par Marie à son compagnon. C’est ce  temps à deux de partage et de confiance qui se profile devant eux comme une promesse de vie commune, capable de les faire sortir de leur solitude pour se réjouir de la vie. 

Dans Les autres, Fréderic entraîne Marie dans une randonnée, vers le pic d’un rocher, qu’il escaladait parfois en solitaire, un gros effort pour tous les deux. Une nouvelle expérience qu’il partage avec la femme pendant ce temps de rapprochement, d’entente, sans assumer une vie commune, mais promettant un avenir ensemble.  

Mais la réalité est plus cruelle que l’on ne s’imagine. Le lecteur découvrira dans le dernier chapitre, Soi , si l’élan amoureux des deux solitaires désabusés suffit de leur redonner le goût de la vie.

Michel Ducobu nous livre l’histoire de la vieillesse vidée de sens, de la solitude, de l’usure sans issue,  insupportable à l’approche de la fin biologique. Il choisit des pronoms pour les titres des chapitres, mais de manière à nous faire deviner une structure et un parcours existentiel du moi en relation avec la femme, les autres, vers soi, l’archétype, la totalité psychique qui englobe le conscient et l’inconscient personnel et collectif, intégrant la partie d’ombre qui existe en tout être humain, selon la psychanalyse de Gustav Jung.

Le romancier parle de la vieillesse, de la vie outragée, de la solitude avec cynisme, ironie, dérision et humour, autant de traits propres  à  son écriture. C’est un roman d’un réalisme cruel qui laisse cependant entrevoir une sensibilité délicate dans la relation de l’homme avec la femme et avec le paysage, celle de l’auteur qui est derrière son personnage. Il est conçu sur l’alternance des voix narratives, masculine et féminine, chacune avec son odyssée, sa vie désabusée, mais toutes les deux impitoyables dans la dénudation de leur cœur. 

On admire la capacité de Michel Ducobu d’imaginer une voix féminine plus âpre que celle de l’homme,  sa psychologie, sa vie brisée. Il glisse dans le texte quelques éléments discrets de sa vie, prêtés à ses personnages : le goût du paysage, les promenades en solitaire, la contemplation et la réflexion, le statut d’écrivain. Seul & Seule est un roman réaliste troublant, un récit fait d’introspection et d’aventures, d’une fine écriture.

Barnabé Laye, la voix d’un poète qui ne s’éteindra pas.

© L’écho d’Orphée

Une belle et haute voix de la poésie universelle, le Poète franco-béninois Barnabé Laye vient de tirer sa révérence, nous laissant une œuvre capitale, une parole de feu brûlant au grand soleil. L’éminent Poète et professeur Hafid Gafaïti, voyait en lui un Poète essentiel, un ascète de la liberté et de l’amour global, un Griot au sens littéral , un esprit épousant l’énergie du monde, dont la voix nous demeure comme un baume salutaire. Comme les « Trois mousquetaires » Barnabé Laye, Hafid Gafaïti et moi étions très liés, dans nos utopies nous repartions à la conquête d’un monde en délitement avec pour mirage celui de remettre l’église au milieu du village. Avec lui, nous cultivions le partage et la fraternité, l’espérance et la vérité. Il « nous invite à aller au-delà de l’indicible. L’Un avec l’Autre en parfaite Union. » Lorsqu’un Poète disparaît, ce sont les pans d’une bibliothèque qui s’effondrent, mais déjà, libre et insoumis, il se remet à l’ouvrage et fait des nuages son plus beau carnet de voyage. « Au rendez-vous des bons copains / Il n’y avait pas souvent de lapins / Quand l’un d’entre eux / Manquait à bord / C’est qu’il était mort / Oui, mais jamais au grand jamais / Son trou dans l’eau n’se refermait / Cent ans après, / Coquin de sort / Il manquait encore. »   Georges Brassens. 


Il y aurait tant de choses à dire

Le bien le mal les embûches les esquives

Tour à tour chance ou malchance destin ou hasard

Et au coin de la rue des circonstances qui nous échappent.

La route est longue et nous sommes loin du port

Nos visages arborent le passage des intempéries 

Et les cicatrices balafrées du temps qui passe.

Dans notre nuit d’errance rôdent les fantômes

Nos démons maléfiques et les rêves impénitents.

Le temps caméléon change aux multiples nuances du noir.

Sur l’eau trouble des mers traversières

Le noir revêt le jour

Le noir revêt la nuit

Le chemin ?

Où est le chemin ? 

© Barnabé Laye.


Homme né des ténèbres et des gouffres

Hommes du commencement et des cavernes 

Tu ignores les sentiers du parcours insondable

Inscrit sur les lignes de ta main et de ton front.

Tu ne sais rien des stigmates et des promesses cachées

Dans les dédales de ta peau et des plis de tes pieds

Tu ne sais rien des oiseaux d’augures et des présages

Alors pris de vertiges et d’angoisse

Tu abandonnes ton destin aux mythes et aux légendes.

© Barnabé Laye.


Parfois il me prend l’envie de chanter

De chanter haut et fort en tapant du pied et tapant des mains

Le blues le bleues dans un champ de coton du côté de Memphis

Chanter le Gospel avec Aretha Franklin dans une église de Harlem

Laisser fleurir le rire au cœur des détresses sombres

Laisser venir l’ivresse d’une mélancolie joyeuse au bord de la soif

Qu’importe mon ami

Si tu marches jusqu’en haut de la montagne

Continue de marcher.

© Barnabé Laye.


Il faudra garder mémoire d’autres temps ici et ailleurs

Pour libérer la colère enfuie dans la plaie rouge

Écrire le coup de poing à bout portant sur la gueule barbare

Finis les atermoiements les cous courbés les résignations.

Écrire l’empilement des ressentiments et des aversions

L’éclatement de la révolte et des foudres des revanches pures.

Écrire les cicatrices indélébiles sur la peau des galères

Tous les asservissements les chaines toutes les servitudes

Et même le coup de pied au ventre des cruautés cachées

Depuis si longtemps dans la honte des alcôves et des placards.

Écrire la liberté.

© Barnabé Laye.

Prix International Arthur Rimbaud

 Concours de poésie 2024 doté de 7100 euros de Prix

                                                                                

Le concours de poésie organisé par Poésie du Point du Jour en partenariat avec  l’AMOPA, la SPF, le Lions Club International, Rencontres Européennes-Europoésie,  les Poètes de l’Amitié- Poètes sans Frontières, la SPAF, ACALA, les Sens Retournés, les Académies Renée Vivien, de Macon et de Villefranche sur Saône, Luna Rossa, J O M, Arts et Poésie de Touraine, Grain de Sable en Poésie, les Arts Septimaniens, la SAPF, Traversées, la Ronde Poétique, le CNM, les Rencontres Vaugelas, le Salon des Poètes de Lyon arrive bientôt à échéance, le 30 Mai prochain, avec un double objectif :

  • -donner encore plus de sens à la création poétique en mettant en valeur le talent de poètes reconnus par tous à travers le prix International Arthur Rimbaud.                                                                          -recueillir des fonds en faveur d’œuvres caritatives, dont l’autisme en 2022, 2023, 2024.

Nous vous invitons à y participer.

Il est doté de 500, 300, 100 euros en chèque, dans les catégories A B C D E F et 300, 200 100 euros dans la catégorie J. 

 Le concours comprend 7 catégories

Les trois premiers des catégories A B C D E F seront sélectionnés pour participer au prix International Arthur Rimbaud, dont le lauréat recevra 500 euros. Les trois premiers du prix International Arthur Rimbaud jeune poète recevront respectivement 300, 200, 100 euros et seront choisis parmi les lauréats des concours jeunes de l’AMOPA, de la SPF et la catégorie J de notre concours afin de promouvoir la poésie auprès des jeunes.

La dotation totale est de 7100 euros et la clôture des inscriptions est fixée au 31 Mai 2024.

Une Anthologie des meilleurs poèmes sera éditée et la remise des prix aura lieu en Novembre 2024 lors d’un déjeuner de Gala au Sénat ou dans un autre lieu prestigieux de la capitale.

 Poètes à vos plumes…     

Retrouvez-nous, sur le site : ConcoursdepoésieArthurRimbaud

Contact Claude Jenouvrier 0612687389 mail : jenouvrier@protonmail.com

                                                                                                            Claude Jenouvrier


                              Règlement du Concours

Art 1 : « Poésie du Point du Jour organise avec ses 23 partenaires, le Prix International Arthur Rimbaud, ouvert à tous les Poètes d’expression francophone. Clôture des inscriptions, le 31 Mai 2024, le cachet de la poste faisant foi.

Art 2 : Le concours comprend sept catégories :

A Thème libre-forme libre

B Thème libre-Sonnet

C Thème libre-forme classique ou néoclassique

D Thème imposé, l’amour, forme libre

E Ballade, Rondeau, Pantoum, thème libre

F Chanson poétique, thème libre (clé USB souhaitée mais non obligatoire)

J Catégorie jeune (jusqu’à 18 ans), Thème libre-forme libre

Chaque participant peut envoyer autant de poèmes qu’il le souhaite dans les différentes catégories, moyennant le règlement des frais d’inscription, soit 10 euros par poème. (5 euros dans la catégorie jeune)

Art 3 : Chaque poème ne dépassera pas 40 vers, les textes exemptés de fautes d’orthographe seront dactylographiés sur papier blanc standard au format A4, à l’exclusion de tout autre support. Les poèmes seront anonymes mais devront comporter impérativement la catégorie dans laquelle ils concourent. (un numéro d’ordre est attribué à chaque poète, reporté sur chaque poème, permettant de les identifier et de garantir l’anonymat). 

Art 4 : L’envoi de chaque concurrent, adressé non recommandé, mais suffisamment affranchi, comprendra : les poèmes en quatre exemplaires, un exemplaire du présent document daté et signé, un chèque de règlement des frais d’inscription à l’ordre de ‘Poésie du Point du Jour’, deux enveloppes timbrées aux nom et adresse du concurrent à : Prix International Arthur Rimbaud, 17 Allée des Néfliers 91190 Gif sur Yvette

Art 5 : Une Anthologie des meilleurs poèmes sera éditée sans que les auteurs ne puissent s’y opposer ni réclamer des droits d’auteur.

Art 6 : 7100 euros de prix seront répartis entre les différentes catégories, le prix International Arthur Rimbaud et le prix International jeune poète. (voir au recto).

Art 7 : Deux jurys de présélection et de sélection finale seront constitués. Leurs décisions seront sans appel.

Art 8 : La remise des prix aura lieu en Novembre 2024, lors d’un déjeuner de Gala au Sénat ou dans un autre lieu prestigieux de la capitale. Tous les participants au concours 2024 seront conviés à cette manifestation (le coût de la participation sera précisé ultérieurement).

Art 9 : L’annulation du concours entrainerait, de facto, le remboursement aux poètes des frais d’inscriptions.

Le candidat déclare avoir pris connaissance du présent règlement.

 Date et signature (lu et approuvé)

Nom prénom

Adresse                                                                                                                    

Tél et mail


Vous pouvez aussi télécharger le règlement du concours 2024

Pierre Schroven, La merveille d’être là, poèmes, L’Arbre à parole, 2024, 70 pp., 13 €

Pierre Schroven, La merveille d’être là, poèmes, L’Arbre à parole, 2024, 70 pp., 13 €


C’est un véritable hymne à la joie, hymne à la vie que Pierre Schroven nous adresse en ces pages. Une intense jubilation d’être, d’être là, présent, tout simplement ; hymne à l’amour également, car l’un ne va pas sans l’autre. Un peu comme si l’amour était pour l’esprit, pour la vie spirituelle, l’équivalent du soleil pour la vie du monde.

Nous ne pouvons mieux faire que de l’écouter, de recevoir, et de participer. De longs raisonnements, ici, ne feraient qu’affaiblir le poids des paroles, des sensations, des images :

« Ressasser le poème/ À maintes reprises dans la bouche /  Le mastiquer en silence / Et le regard tourné vers un arbre / Devenir tout autre chose que soi-même / Se nouer à l’infini d’un temps / Dont le geste invisible et volant / Défie les évidences trompeuses du jour. »

Cette image de l’arbre, du regard qui s’y fixe, reviendra à différentes reprises. Et, si je me souviens bien, Yahveh ne dit-il pas à un prophète de prendre le livre et de le manger ?

Ainsi, à la page suivante :

« J’attends que le monde me donne des nouvelles / Que son arbre pousse en moi /  donne des fruits / Secoue le soleil de mes yeux / Et ouvre en mon être qui se croit achevé / une béance. »

En ces premiers vers, déjà, tout est dit, et ce qui suit en sera seulement la réalisation : le rapport du poète qui doit dire le monde, et le dire, le porter à connaître, pour le poète, s’est s’accomplir soi-même, combler ce vide intérieur. Le monde, le poète et le lecteur : un seul tout irradiant la parole.

Epinglons seulement dans ce qui suit :

« L’instant qui fait peau neuve –  Ecoutant respirer les arbres – Quelqu’un marchera aujourd’hui / refusera de dire son nom – La joie consiste d’abord à assumer / À se réjouir du réel tel qu’il est  –  Que je n’ai plus de temps à perdre / et que c’est le moment de me sentir vivant – Tout est miracle signe symbole – La beauté de la vie se tient prête / Se délecte des formes avenantes du jour – Et pour une raison inconnue / Balbutie en mon corps la grande folie d’aimer – Rien ne changera / Rien n’ira de soi … »

Le ton bien souvent est celui d’une joie violente, irradiante, à laquelle rien ne peut résister, comme la force d’un grand fleuve, d’un feu dévorant, et pour peu, on se croirait auprès de William Blake, et de ses « Chants de l’innocence et de l’expérience ».

« …une parole / Qui n’a de sens que dans la vérité des étoiles » « Je me plais en ce monde / J’aime tout » « Tout s’en va toujours plus loin / Marche dans sa paix » (et n’est-de pas là l’équivalent d’un vers de Victor Hugo, repris par Julien Green pour titre d’un de ses romans : « Chaque homme dans sa nuit / Marche vers sa lumière »

« Un grand besoin d’être et d’aimer »  « Il me reste peu de temps à m’aimer » «…le grand miracle d’être en vie »

Il me pardonnera, je l’espère, de m’être perché dans son arbre, pour y grappiller images et paroles, plutôt que de trop les commenter.

Car c’est un arbre de vie, et les fruits qu’il porte sont ceux de la poésie.

Patrick HELLIN, Terres levées, sept 2023, 73 pages, éditions Traversées, ISBN : 978-2-931077-06-1

Patrick HELLIN, Terres levées, sept 2023, 73 pages, éditions Traversées, ISBN : 978-2-931077-06-1


Itinérance entre espoir et désespérance où saigne le Verbe de papier :

Je survole mes déserts de papier

J’y pose une trace puis je m’enfuis

Le jour bientôt en efface le voile

Les vestiges ne vivent que la nuit

Ivresse de la solitude où luisent encore les plaies d’une enfance apparemment enfouie mais tragiquement présente.

Langue de druide, serrée, implacable, langue de poète qui parle aux miroirs, au gui, à la clarté mais aussi à l’obscur message des lunes :

J’abreuve mes lèvres

de rondeurs lumineuses

Et mes pensées nues s’éparpillent

dans un parfum d’infini

La parole, nécessaire mais insuffisante pour cicatriser le manque, se fait incantation onirique.

À la réflexion, l’ultime sentence de la quatrième de couverture me semble résumer parfaitement « le dedans et le dehors » de ce recueil prenant:  une poésie des confins et de la fin des choses, lucide et désenchantée mais puissamment vivante, à boire jusqu’à la lie du temps qui reste, l’amour comme seul onguent face à la mort. Beau !

Hellin laboure la glaise des mots, lève les terres où frissonnent encore des printemps en jachère, casse le gel de la syntaxe, lutte, s’enfonce, renaît au gré des ombres. Mais rien n’y fait, un vide sublime et mortifère se canalise autour de l’être : 

Le ciel est un creux que les mots ne peuvent combler

Et finalement, alors que l’on se met à espérer :

Tout chemin est chemin d’abîme

(…)

Les étoiles elles-mêmes

Abandonnent leurs lueurs

À l’immobile absence

Vraiment ?